Différences entre les versions de « Erg::groupe JEANELSONPHIA »

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On en trouve [https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Chants_de_Maldoror le texte sur Wikisource].
 
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Pour donner le ton, voici un extrait du chant IV :
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Deux piliers, qu’il n’était pas difficile et encore moins impossible de prendre pour des baobabs, s’apercevaient dans la vallée, plus grands que deux épingles. En effet, c’étaient deux tours énormes. Et, quoique deux baobabs, au premier coup d’œil, ne ressemblent pas à deux épingles, ni même à deux tours, cependant, en employant habilement les ficelles de la prudence, on peut affirmer, sans crainte d’avoir tort (car, si cette affirmation était accompagnée d’une seule parcelle de crainte, ce ne serait plus une affirmation ; quoiqu’un même nom exprime ces deux phénomènes de l’âme qui présentent des caractères assez tranchés pour ne pas être confondus légèrement) qu’un baobab ne diffère pas tellement d’un pilier, que la comparaison soit défendue entre ces formes architecturales… ou géométriques… ou l’une et l’autre… ou ni l’une ni l’autre… ou plutôt formes élevées et massives. Je viens de trouver, je n’ai pas la prétention de dire le contraire, les épithètes propres aux substantifs pilier et baobab : que l’on sache bien que ce n’est pas, sans une joie mêlée d’orgueil, que j’en fais la remarque à ceux qui, après avoir relevé leurs paupières, ont pris la très-louable résolution de parcourir ces pages, pendant que la bougie brûle, si c’est la nuit, pendant que le soleil éclaire, si c’est le jour. Et encore, quand même une puissance supérieure nous ordonnerait, dans les termes le plus clairement précis, de rejeter, dans les abîmes du chaos, la comparaison judicieuse que chacun a certainement pu savourer avec impunité, même alors, et surtout alors, que l’on ne perde pas de vue cet axiome principal, les habitudes contractées par les ans, les livres, le contact de ses semblables, et le caractère inhérent à chacun, qui se développe dans une efflorescence rapide, imposeraient, à l’esprit humain, l’irréparable stigmate de la récidive, dans l’emploi criminel (criminel, en se plaçant momentanément et spontanément au point de vue de la puissance supérieure) d’une figure de rhétorique que plusieurs méprisent, mais que beaucoup encensent. Si le lecteur trouve cette phrase trop longue, qu’il accepte mes excuses ; mais, qu’il ne s’attende pas de ma part à des bassesses. Je puis avouer mes fautes ; mais, non, les rendre plus graves par ma lâcheté. Mes raisonnements se choqueront quelquefois contre les grelots de la folie et l’apparence sérieuse de ce qui n’est en somme que grotesque (quoique, d’après certains philosophes, il soit assez difficile de distinguer le bouffon du mélancolique, la vie elle-même étant un drame comique ou une comédie dramatique) ; cependant, il est permis à chacun de tuer des mouches et même des rhinocéros, afin de se reposer de temps en temps d’un travail trop escarpé. Pour tuer des mouches, voici la manière la plus expéditive, quoique ce ne soit pas la meilleure : on les écrase entre les deux premiers doigts de la main.
  
 
== Le projet ==
 
== Le projet ==

Version du 31 octobre 2015 à 07:39


Projet de [JEA(N]EL{SO}N){PHIA}

La matière première

Les chants de Maldoror, d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont

On en trouve le texte sur Wikisource.

Pour donner le ton, voici un extrait du chant IV :

Deux piliers, qu’il n’était pas difficile et encore moins impossible de prendre pour des baobabs, s’apercevaient dans la vallée, plus grands que deux épingles. En effet, c’étaient deux tours énormes. Et, quoique deux baobabs, au premier coup d’œil, ne ressemblent pas à deux épingles, ni même à deux tours, cependant, en employant habilement les ficelles de la prudence, on peut affirmer, sans crainte d’avoir tort (car, si cette affirmation était accompagnée d’une seule parcelle de crainte, ce ne serait plus une affirmation ; quoiqu’un même nom exprime ces deux phénomènes de l’âme qui présentent des caractères assez tranchés pour ne pas être confondus légèrement) qu’un baobab ne diffère pas tellement d’un pilier, que la comparaison soit défendue entre ces formes architecturales… ou géométriques… ou l’une et l’autre… ou ni l’une ni l’autre… ou plutôt formes élevées et massives. Je viens de trouver, je n’ai pas la prétention de dire le contraire, les épithètes propres aux substantifs pilier et baobab : que l’on sache bien que ce n’est pas, sans une joie mêlée d’orgueil, que j’en fais la remarque à ceux qui, après avoir relevé leurs paupières, ont pris la très-louable résolution de parcourir ces pages, pendant que la bougie brûle, si c’est la nuit, pendant que le soleil éclaire, si c’est le jour. Et encore, quand même une puissance supérieure nous ordonnerait, dans les termes le plus clairement précis, de rejeter, dans les abîmes du chaos, la comparaison judicieuse que chacun a certainement pu savourer avec impunité, même alors, et surtout alors, que l’on ne perde pas de vue cet axiome principal, les habitudes contractées par les ans, les livres, le contact de ses semblables, et le caractère inhérent à chacun, qui se développe dans une efflorescence rapide, imposeraient, à l’esprit humain, l’irréparable stigmate de la récidive, dans l’emploi criminel (criminel, en se plaçant momentanément et spontanément au point de vue de la puissance supérieure) d’une figure de rhétorique que plusieurs méprisent, mais que beaucoup encensent. Si le lecteur trouve cette phrase trop longue, qu’il accepte mes excuses ; mais, qu’il ne s’attende pas de ma part à des bassesses. Je puis avouer mes fautes ; mais, non, les rendre plus graves par ma lâcheté. Mes raisonnements se choqueront quelquefois contre les grelots de la folie et l’apparence sérieuse de ce qui n’est en somme que grotesque (quoique, d’après certains philosophes, il soit assez difficile de distinguer le bouffon du mélancolique, la vie elle-même étant un drame comique ou une comédie dramatique) ; cependant, il est permis à chacun de tuer des mouches et même des rhinocéros, afin de se reposer de temps en temps d’un travail trop escarpé. Pour tuer des mouches, voici la manière la plus expéditive, quoique ce ne soit pas la meilleure : on les écrase entre les deux premiers doigts de la main. 

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